Le magazine des opportunités économiques de La Réunion

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Ce que les derniers chiffres du chômage disent vraiment de l’économie réunionnaise

Les derniers chiffres publiés par l’INSEE montrent une situation en apparence paradoxale :
👉 le chômage recule, mais l’économie reste fragile, et les signaux envoyés par les entreprises sont loin d’être uniformes.

Pour comprendre ce que ces données signifient réellement pour le territoire, il faut aller au-delà du simple pourcentage et analyser la structure profonde du marché du travail réunionnais.


1. Le chômage recule… mais reste hors normes nationales

  • Au 2ᵉ trimestre 2025, le taux de chômage localisé à La Réunion s’élève à 15,4 %.
  • En 2024, le taux annuel moyen au sens du BIT atteignait 17,3 %.
  • En comparaison, la France hexagonale oscille entre 7 et 8 %.

Même en amélioration, La Réunion reste à plus du double du niveau métropolitain.

Ce décalage n’est pas conjoncturel :
il est structurel.


2. Le véritable indicateur inquiétant : un taux d’activité très faible

Le taux d’activité réunionnais (part des 15–64 ans qui travaillent ou cherchent un emploi) est de 62 %, contre 74 % en métropole.

Cela signifie deux choses :

👉 1. Une part massive de la population reste en dehors du marché du travail

  • jeunes
  • personnes découragées
  • inactifs
  • non inscrits

👉 2. Même si le chômage baisse, ce n’est pas forcément parce que plus de personnes travaillent

Une baisse mécanique peut refléter :

  • des sorties de Pôle Emploi pour formation
  • des changements administratifs
  • de l’inactivité
  • des mutations de statut

➡️ Le chômage baisse parfois sans création de richesse réelle.


3. L’emploi salarié stagne : +0,3 % sur l’année

Selon les derniers tableaux de l’INSEE, La Réunion compte environ 293 400 salariés (public + privé).
Sur un an, c’est une progression faible.

Les secteurs qui créent de l’emploi :

  • tourisme
  • restauration
  • services aux entreprises
  • numérique
  • santé

Les secteurs qui souffrent :

  • BTP (ralentissement des chantiers)
  • commerce (inflation + concurrence digitale)
  • agroalimentaire (coûts élevés)
  • transport / logistique (énergie + fret)

Ainsi, la baisse du chômage ne doit pas masquer la fragilité de l’emploi productif privé, encore trop dépendant des fluctuations sectorielles.


4. Un marché du travail plus flexible… et plus instable

Les chiffres révèlent une progression des transitions :

  • CDD → chômage → CDD
  • intérim → chômage → intérim

Le marché devient plus flexible, mais :

  • les CDI restent minoritaires,
  • les TPE recrutent par prudence,
  • l’incertitude reste élevée dans les entreprises.

➡️ On observe une dynamique d’emploi “en tension mais pas en expansion”.


5. Le chiffre tabou : hausse des défaillances d’entreprises

Même si l’emploi tient, le tissu économique, lui, se fissure :

  • Les défaillances augmentent depuis 2023.
  • Les trésoreries sont en tension (fret, énergie, charges).
  • Les marges diminuent dans plusieurs secteurs.
  • Certains dirigeants repoussent les investissements.

Mécaniquement, les défaillances d’aujourd’hui deviennent le chômage de demain — avec un décalage de 3 à 6 mois.

La stabilité actuelle du chômage ne doit pas faire oublier cette bombe à retardement.


6. Ce que ces chiffres disent vraiment de l’économie réunionnaise

Lecture BusinessPei :

✔ La Réunion n’est pas en crise : elle est en transition

Certains secteurs accélèrent (tourisme, digital, services).
D’autres doivent se restructurer (BTP, agro, distribution).

✔ Le potentiel de croissance existe, mais il doit être structuré

Les entreprises doivent monter en gamme, gagner en productivité, mieux gérer leurs coûts.

✔ Le chômage n’est plus un bon thermomètre

Le vrai indicateur de santé =
la solidité financière des entreprises + la capacité d’investissement.

✔ Les opportunités M&A vont se multiplier

  • Reprises
  • Transmissions
  • Consolidations
  • Groupements
  • Optimisation d’exploitation

Dans ce cycle économique, les entreprises structurées vont prendre de l’avance.


7. Ce que les dirigeants doivent retenir

👉 Une baisse du chômage ne signifie pas une économie solide.
👉 Une hausse des défaillances est un signal d’alerte sérieux.
👉 Les entreprises en croissance peuvent accélérer fortement.
👉 Les entreprises fragiles doivent agir maintenant, pas dans 12 mois.
👉 Les repreneurs ont une fenêtre de tir idéale.

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